La formation interculturelle est très fortement liée à la compréhension de son propre rôle et celui des autres au sein de la société, et de la position que l’on y tient, ainsi que celle des autres. À ce titre, il est important de comprendre comment la culture affecte les différents aspects d’interaction et de comportement. Il faut également être capable de distinguer les dimensions qui définissent les différences culturelles parmi les sociétés ou les groupes. La culture peut être définie comme suit :
“Valeurs communes, appréhensions, postulats et objectifs transmis par les générations antérieures, imposés par les membres actuels d’une société, et transmis à nouveau aux futures générations. Cette vision partagée résulte en large partie d’attitudes, de codes de conduite et d’attentes communes qui guide et dirige de façon subconsciente certaines normes de comportement” (Inun Jariya 2012: 62)[1].
Après avoir été transmise aux descendants d’un certain groupe social, la culture sera internalisée par ces mêmes individus, ce qui constituera une partie du processus de sociabilisation. Du fait de sa nature multidimensionnelle, la culture est composée de plusieurs éléments communs et de valeurs partagées qui sont interdépendants.
Image 2 Les parties visibles et invisibles de la culture
C’est dans ce contexte d’apparente identité mutuelle entre sections culturelles que l’image de l’autre se construit. Pour parler simplement, l’autre est un individu qui présente des différences culturelles, il est considéré comme un élément externe.
L’altérité est un phénomène de construction simultanée de soi ou de son groupe d’appartenance et de l’autre ou des autres externes en opposition mutuelle et inégale à travers l’identification de caractéristiques attirantes que le soi/groupe d’appartenance possède et dont l’autre/groupe externe manque, et/ou l’identification de caractéristiques peu attirantes que l’autre/groupe externe possède et dont le soi/groupe d’appartenance manque. L’altérité place ainsi le soi/groupe d’appartenance à un niveau supérieur comparé à l’autre/groupe externe, le situant à un niveau inférieur. Cependant, cette supériorité/infériorité est quasi systématiquement implicite[2].
En se le représentant à travers des stéréotypes, l’existence de l’autre est définie comme un concept opposé au nous. L’autre possède des caractéristiques qui le place dans une position inférieure par rapport à nous. Le processus d’altérité découle du fait qu’une culture n’est pas uniquement perçue sous le prisme de sa singularité et de ses différences. Elle est identifiée comme un ensemble d’éléments qui pourraient être comparés pour qu’au final, un individu déduise que sa propre culture est supérieure.
C’est en ce sens que les migrants peuvent être exposés au processus d’altérité au sein de la société d’accueil, car :
Lorsqu’on immigre, on emporte son histoire, ses traditions, ses façons de vivre, de ressentir, d’agir et de penser, de paire avec sa langue, sa religion, ainsi que tout autre vision mentale sociale et politique de la société, les premiers éléments n’étant que les incorporations des suivants, en résumé, avec sa culture (Sayad 2014 : 19).
Étant donné que personne n’immigre « sans être puni » (Sayad 2014 : 19), les individus ne se sépareront jamais de leur propre culture lorsqu’ils traversent les frontières, et en arrivant dans le pays d’accueil, les deux cultures – celle du migrant et celle du pays d’accueil – seront en contact. Ce que nous observons aujourd’hui dans plusieurs pays européens se traduit par une peur des migrants et de leur culture, à travers une nette tendance à l’altérité. Cette peur s’accompagne souvent d’un discours soulignant le fait que plusieurs aspects de de la culture de ces migrants diffèrent de notre culture, mettant de ce fait en danger l’existence même de notre culture dans l’éventualité où plusieurs autres migrants arriveraient.
Afin de combattre cette peur irrationnelle, il est essentiel de favoriser l’empathie, en s’intéressant à l’autre et en faisant un effort pour comprendre la culture de l’autre.
[1] http://www2.hu-berlin.de/transcience/Vol6_No1_2015_69_90.pdf
[2] https://pdfs.semanticscholar.org/0bc0/73aa9b16044152c9ecd71b7570aa385f9e59.pdf